Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM |
De l’occupation de notre pays en 1881 à la proclamation de l’indépendance le 20 mars 1956, nous ne pouvons dire que l’Etat était doté d’institutions et jouissant de liberté. Les Beys ont perdu tout pouvoir et dépendaient, désormais, de la France dont ils étaient les protégés. Ils étaient gouvernés par des résidents généraux, représentants de la puissance occupante. Ils signaient tout ce qu’ils leur présentaient comme lois, décrets et nominations.
Et si un jour, pour une raison ou une autre, ils manifestaient une quelconque réticence, ils étaient menacés de déchéance. Sans tarder, ils redevenaient dociles. D’ailleurs, parmi la grande majorité des Beys qui avaient régné sur le pays, un seul a fait preuve de patriotisme et de nationalisme digne d’être signalé. Ce fut S.A. Royale, sidi El Moncef Bey, Bey de Tunis de 1942 à 1943, qui était très populaire et n’était pas francophile comme ses prédécesseurs. C’est pourquoi il a été aussitôt destitué en 1943, remplacé par Lamine Pacha Bey, et exilé en France où il décéda à Pau le 1er septembre 1948.
Moncef Bey est l’avant-dernier représentant de la dynastie husseinite. Investi prince héritier le 30 avril 1942, il succède à son défunt cousin Ahmed II Bey le 19 juin de la même année. Avant son accession au trône, Moncef Bey s’illustre en jouant un rôle politique important, notamment lors des événements d’avril 1938, où il avait soutenu les revendications des membres du Destour qu’il fait recevoir par son père Naceur Bey.
La monarchie beylicale est définitivement abolie le 25 juillet 1957 et le régime républicain est institué. L’Assemblée constituante met fin à ce régime vieux de 252 ans à l’unanimité. Cet épisode marque donc la fin de la dynastie des Husseinites, et le début de la modernisation du pays par Habib Bourguiba. Bourguiba reste une figure marquante de l’histoire tunisienne, qui a permis au pays de se faire une place sur la scène internationale et dans les dynamiques régionales. Il a introduit de nombreuses réformes dont l’une des plus importantes fut le Code du statut personnel, unique dans le monde musulman, accordant à la femme tous ses droits, tout en interdisant la polygamie et rendant le divorce possible, seulement, par le biais d’une procédure judiciaire. Il est connu comme un chef d’Etat audacieux qui donna aux femmes tunisiennes l’un des statuts les plus avancés du monde arabe. Quant à l’enseignement, il l’a rendu obligatoire pour les garçons comme pour les filles jusqu’à l’âge de quatorze ans et gratuit pour tous.
Que Dieu veille et protège la Tunisie, héritière de Kairouan et de Carthage.